J'attire systématiquement les personnes toxiques, pourquoi je répète les mêmes erreurs ?
Avez-vous déjà eu cette impression de répéter inlassablement les mêmes erreurs, ou d'attirer à vous, toujours les mêmes personnes et situations polluantes, de revivre en permanence les mêmes comportements d'emprise et de toxicité ?
Vous vous demandez alors peut-être pourquoi ces schémas se répètent encore et encore sans jamais trouver de solutions.
Et si on remontait le temps ensemble ?
Lorsque l’enfant vient au monde il se retrouve livré à lui-même après avoir passé 9 mois dans un univers contenant, à l’abri, sans éléments perturbateurs autour de lui.
Durant les premières semaines de sa vie, il doit composer avec ce nouveau décor qui l’entoure et il commence alors à élaborer des stratégies de survie.
La première étant bien sûr fondée sur des besoins vitaux, dont l’alimentation reste la base première tout comme la survie face au danger.
Ces besoins archaïques répondent donc à des éléments auxquels le tout-petit, de part sa nature d’être dépendant, ne peut répondre seul. C’est donc son entourage qui y sera invité.
De leur réponse naitra alors un modèle d’attachement qui perdurera tout au long de la vie.
4 modèles d’attachement
- secure
- insecure ambivalent
- insecure évitant
- insecure désorganisé
Un enfant qui grandit dans un attachement dit secure se lie à une ou plusieurs personnes ressources suffisamment rassurantes pour lui transmettre la sécurité affective dont il a besoin en vue de s’autonomiser et de s’ouvrir au monde. En somme l'enfant suffisamment mis en valeur et entendu pour ce qu’il est, développe un sentiment de confiance et d’estime de soi positif amenant à des relations sociales satisfaisantes.
En situation de séparation d'avec sa figure d'attachement, l’enfant manifeste une appréhension mais se familiarise et s’intègre facilement à un nouvel environnement ou face à une nouvelle situation tout en étant ravi de retrouver sa personne ressource.
Au quotidien, l’enfant est mis en valeur, écouté, entendu et respecté tout en ayant la frustration nécessaire à son bon développement.
Pour la personnalité insecure ambivalent, la ou les personnes ressources n’ont pas permis à l’enfant d’acquérir la sécurité affective suffisante pour l’exploration du monde en toute sérénité. Ainsi un environnement anxieux ou surprotecteur génère une ambivalence émotionnelle chez l’enfant l’incitant à rester au contact de son modèle éducatif par manque d’assurance ou de valeurs positives sur le monde et/ou sur lui-même. Ici l'enfant se trouve parasité entre son désir d’exploration du monde et son sentiment de peur ou d’incapacité, sentiment générateur de colère et de frustration à l’égard de sa ou ses personnes ressources.
En situation de séparation avec sa figure d'attachement, l’enfant manifeste de la détresse tout autant que de la colère et reste difficile à réconforter même après le retour de sa personne ressource.
Au quotidien, l’enfant peut ressentir une distance affective, ne pas se sentir suffisamment aimé pour ce qu’il n’est ni suffisamment invité ou écouté dans son accession à l’autonomie. L’enfant est donc découragé dans sa tentative d’exploration du monde.
Pour la personnalité insecure évitant, la ou les personnes ressources ont eu tendance à minimiser les besoins affectifs de l’enfant, l’incitant souvent à s’autonomiser de manière inadapté à son âge ou en étant parfois trop laxiste en matière d’éducation, d’apprentissage et de partage. L'enfant s’élabore dans le manque affectif et construit la croyance qu’il ne peut faire confiance à personne.
En situation de séparation d'avec sa figure d'attachement, l’enfant ne manifeste aucune réelle émotion devant le départ de sa personne ressource ni même à son retour.
Au quotidien, l’enfant agit de manière totalement désintéressée de sa personne ressource, comme s’il savait qu’elle ne lui est d’aucun secours face à une difficulté ou un besoin. L’enfant ici se trouve découragé dans sa tentative de contact et de rapprochement affectif.
Pour la personnalité insecure désorganisé, tout indique une défaillance de la ou des personnes ressources en tant que modèle parental. Le plus souvent, l’enfant subit des violences physiques et/ou psychologiques créant ainsi de sérieux manquements affectifs et un désordre interne causé par l’ambivalence des sentiments de peur et d’amour.
En situation de séparation d'avec sa figure d'attachement, l’enfant montre un comportement totalement disproportionné et contradictoire.
Au quotidien, l’enfant cherche à fuir tout autant qu’à se rapprocher de la ou des personnes ressources lui apportant une double réponse à la fois sécurisante et alarmante qui suscite donc un mélange de peur, de désir de fuite, mais en même temps un besoin de conserver le lien affectif. L’enfant se trouve livré à lui-même ne sachant pas comment faire pour obtenir la proximité dont il a besoin pour grandir.
Puisqu’en matière de construction psychique tout à un rôle à jouer, le parallèle entre modèle d’attachement et identification pathologique n’est pas à négliger.
Les troubles de l'attachement à l'âge adulte
- ambivalent : personnalité sensible à l’abandon, à la frustration, très émotif, avec une tendance à la jalousie, au contrôle voire même à la domination et fortement sensible à la dépendance affective.
- évitant : personnalité à tendance asociale, avec des difficultés à exprimer ses émotions, une tendance à se renfermer sur soi et à ne pas avoir confiance en l’autre.
- désorganisé : personnalité à tendance autoritaire, voulant imposer sa loi, son fonctionnement, sa vision, avec une tendance aux changements rapides, qu'ils soient émotionnels, comportementaux voire même de personnalité.
Quand la violence se répète encore et encore
Les violences incestueuses quelles qu'elles soient génèrent des difficultés relationnelles qui ne peuvent être niées.
Le lien à l'autre est forcément mis à mal lorsque l'on a été bafoué(e) et considéré(e) comme une propriété.
Des mécanismes inconscients se mettent alors à l’œuvre pour nous diriger vers des personnes ou des situations qui nous maintiennent dans un schéma de violence que l'on ne connait que trop bien.
Ainsi, une fois adulte, une personne ayant vécu un inceste ou un climat incestuel sera "attirée" par des partenaires de vie, ou par des amitiés répondant aux conditionnements d'attachement qu'elle aura reçu.
Je le constate régulièrement en consultations auprès des personnes qui me consultent. Elles ne comprennent pas pourquoi elles continuent d'être en contact avec des personnalités semblables à leur système familial toxique.
Comprenez bien que ce n'est pas qu'une question de vulnérabilité qui en fait des proies de grands choix pour les personnalités perverses. C'est aussi et surtout une question de perception de soi et d'estime de soi.
Comment attirer à soi des personnalités saines et sécure lorsque l'on ne se considère pas soi-même comme un individu à part entière mais comme un objet ? C'est toute cette conscientisation qu'il convient d'activer pour élaborer un nouveau lien d'attachement sain.
S'éduquer soi-même
Entamer un travail éducatif sur soi
Prendre cet engagement envers soi de vouloir se comprendre, de vouloir découdre tous les composants de notre histoire pour en construire une nouvelle est une voie de "guérison" essentielle. Plus qu'un "simple" travail sur soi, il s'agit d'un travail éducatif à élaborer, du même acabit que l'éducation d'un enfant en bas âge.
De nombreuses personnes que j'accompagne se retrouvent tétanisées face à ce qui leur semble irréalisable, se remettent perpétuellement en question à chaque pas en avant ou à chaque décision prise, ne sachant plus sur quel pied danser.
Faire face à l'incertitude et aux questionnements incessants peut être source de nombreuses tensions et angoisses, c'est pourquoi faire le choix d'être accompagné(e) thérapeutiquement est une décision riche de sens.
Devenir un parent pour soi-même
Pour développer une pensée secure, déconditionner notre lien d'attachement est primordial. Et pour ce faire, il faut opérer un réel changement intérieur en lien avec nos figures d'attachement primaires, nos parents ou figures parentales.
On parle alors de ce que je nomme un déconditionnement transgénérationnel.
Comprendre que la seule et unique personne capable d'être à notre écoute tel que nous le méritons, tel que nous le voulons, c'est nous-même.
En apprenant à vous aimer tel que vous êtes, en vous redonnant cette place d'individu et non d'objet, vous développez cette estime de soi tant nécessaire au respect de vos limites.
Tout comme un enfant en a besoin, construire un lien secure en soi requiert de la patience, de la douceur et de la détermination. La frustration, l'agacement, et la colère seront souvent au rendez-vous mais le parcours en vaut le coup.