La blessure d’abandon est une blessure émotionnelle qui génère des angoisses, de la peur, de la jalousie, de la colère. Il s’agit d’un sentiment de délaissement qui résulte de carences affectives survenues au cours de l’enfance. Ce traumatisme va influencer le comportement de la personne concernée tout au long de sa vie dans ses relations aux autres, notamment ses relations amoureuses.
Je vous propose d’explorer ensemble ce qu’il y a à savoir sur cette peur d’être abandonné(e), puis d’explorer 5 pistes pour s’en libérer.
1/ L'ORIGINE DE LA BLESSURE D'ABANDON
En général, la blessure d’abandon prend naissance à partir d’un traumatisme ou d’un ressenti vécu au cours de l’enfance. Vous souffrez peut-être de cette blessure émotionnelle parce que :
- Vous avez effectivement vécu un abandon (naissance sous X, parent qui quitte le foyer et ne revient plus, décès d’un parent),
- Vous avez perçu des carences affectives (tes parents étaient peu présents ou peu disponibles, naissance d’un petit frère ou petite sœur qui t’a donné la sensation d’être délaissé(e), etc.),
- Vous n’avez pas eu un proche qui aurait permis de développer un sentiment de sécurité (un de vos parents, mais aussi un grand-parent, un parrain, une nounou, etc),
- l’attachement ne s’est pas fait de manière convenable avec votre figure parentale,
- Vous avez développé la croyance que vous ne méritiez pas d’être aimé(e).
Certaines personnes ne ressentiront pas d’abandon là où d’autres seront blessées. Tout est question de perception, en fonction de la personnalité de chacun.
2/ Que pensent les psychiatres et psychanalystes de cette peur d’être abandonné ?
Pour mieux comprendre le fonctionnement de cette blessure, je vous propose de nous pencher sur les observations qui ont été faites à ce sujet.
LES RECHERCHES DE FREUD
Au cours de ses recherches, Freud emploie le terme d’angoisse d’abandon pour faire allusion au vécu d’un nouveau-né lorsqu’il est privé de contact avec ses parents. Lorsqu’il se retrouve seul, la peur de l’abandon s’installe chez lui puisqu’il est totalement impuissant et ne pourra pas survivre par ses propres moyens. Freud disait que le nouveau-né a peur de se sentir abandonné par ses proches et de ne pas pouvoir réussir à s’en sortir lui-même.
Dans le cas où la blessure d’abandon est minime et que l’absence des parents n’est pas trop longue, cette angoisse disparaît dès leur retour. Au fur et à mesure que ce schéma se répète, l’enfant apprend le concept de présence-absence afin de se construire petit à petit pour devenir un être psychiquement distinct. Si l’absence des parents excède ses capacités d’intégration, l’angoisse de l’abandon peut mener à une blessure psychique et émotionnelle. Ce type d’atteinte est durable et se réactivera tout au long de la vie de la personne blessée.
LES TRAVAUX DE SPITZ
Le psychiatre et psychanalyste américain René Spitz a déjà étudié un tel traumatisme en bas âge chez les enfants ayant été séparés de leur mère. Grâce à son expérience, il prouve que l’enfant a un besoin crucial et régulier en termes de contacts humains. Hormis la satisfaction de ses besoins primaires, cela le nourrit psychiquement et lui permet de se développer.
Par manque de contact avec ses géniteurs, l’enfant souffre d’une forme de dépression. Cela provoque de lourdes répercussions sur sa croissance psychique. Plus tard, il nait une peur de l’abandon qui va survenir au cours de certains événements spécifiques tels que le deuil, un déménagement, une rupture etc.
La survenue de la peur de l’abandon pourrait également être causée par une relation altérée avec les parents. Cette angoisse pourrait également provenir de violence, de négligence ou de maltraitance pendant l’enfance.
3/ La blessure émotionnelle et ses rapports avec ses éléments déclencheurs
Dans certains cas, la profondeur de la blessure émotionnelle vécue par l’enfant n’entretient aucun rapport avec la gravité de l’événement réel. C’est d’ailleurs cela qui explique pourquoi certains adultes souffrent d’un sentiment d’abandon sans pour autant être capables d’identifier les causes réelles. Cela est tout à fait normal, car la sensibilité est une capacité d’intégration psychique qui varie d’un individu à l’autre. Même si les manques affectifs n’ont pas été très importants, les souffrances sont, quant à elles, bien réelles
Il convient donc d’affirmer que même les microtraumatismes difficiles à identifier suffisent pour faire naître la peur de l’abandon. Une telle angoisse se traduit donc par un syndrome d’abandon qui plonge celui qui en souffre dans un état psychologique et émotionnel d’insécurité. Ce qui n’est pas sans effet négatif sur les relations ainsi que sur le rapport à soi-même. Généralement, les personnes qui présentent cette blessure émotionnelle développent un comportement de dépendance affective.
La peur de l’abandon partage des liens avec la sensibilité marquée au rejet. Elle est également en rapport avec une grande réactivité. En effet, les actions et habitudes d’autrui, qui ne permettent pas de colmater la faille affective, déclenchent de la colère, de l’agressivité qui paraissent démesurées avec l’élément déclencheur, de la jalousie.
Chez l’individu, cela se traduit par une confrontation permanente à la même douleur qui revient à nouveau à cause des situations qui ne lui procurent aucune assurance en matière d’amour inconditionnel et absolu de ses proches. La peur de l’abandon entretient des liens étroits avec la faible estime de soi puisque l’abandon est également relatif avec le sentiment de valeur propre.
4/ 5 remèdes pour venir à bout de la peur de l’abandon
Si vous êtes concerné(e), pour venir à bout du syndrome abandonnique, favorisez tout exercices, et activités qui vous permettront :
- D’améliorer votre confiance et votre estime personnelle,
- D’apprendre à aimer la solitude,
- De gérer convenablement vos sentiments et vos émotions,
- De faire connaissance avec soi-même,
- De vous libérez de tout sentiment colérique,
- De développer votre sens de la responsabilité émotionnelle,
- De vous reconnectez à votre enfant intérieur.
I- FAIS CONNAISSANCE AVEC TOI-MÊME
Libère-toi des croyances limitantes
Avant toute chose, retenez que la dépendance affective liée à une peur de l’abandon peut se traiter lorsque vous bénéficiez d’un accompagnement thérapeutique régulier et adapté.
Pour débuter :
- Identifiez toutes les croyances qui impactent négativement votre estime personnelle ; celles-ci nourrissent votre peur de l’abandon si rien n’est fait,
- Relevez vos habitudes comportementales : elles déterminent fortement vos croyances profondes,
- prendre le temps de vous demander comment vous vous percevez réellement. Si par exemple vous êtes convaincu(e) d’être une personne faible et dépendante, il va de soi que vous ne pouvez pas vivre sans compter sur l’appréciation et l’approbation des autres. Cela explique alors que vous soyez conditionné(e) par la logique du besoin de l’autre.
Il vous revient donc de mettre en œuvre différentes solutions vous permettant de vous libérez des croyances qui vous enchainent à une vision réductrice et dévalorisante de votre personnalité. En identifiant les valeurs personnelles qui vous sont propres, vous parviendrez à vous définir en fonction de vos objectifs. Croyiez en vous, vous êtes une belle personne !
Reviens sur ton parcours de vie
Lorsque vous revenez sur votre parcours de vie, vos succès et vos échecs, vous parvenez à identifier les qualités et les insuffisances qui vous caractérisent en tant que personne. Grâce à l’auto-observation objective et à une attention dirigée vers votre propre cheminement, vous vous exercez à vous discerner avec beaucoup plus de nuances et de façon plus riche.
En vous reconnaissant telle une personne ayant des qualités qui vous sont propres et qui ne sont pas basées sur le regard d’autrui, vous arriverez à vous éloigner des croyances limitantes. Grâce à cela, vous avez la facilité de former de nouvelles croyances et comportements capables d’améliorer et de soutenir votre estime de personnelle. Aujourd’hui, le marché propose une multitude de thérapies vous permettant de vaincre la dépendance affective afin de vivre de la sérénité dans vos relations amoureuses et sociales.
II - Développe ta responsabilité émotionnelle
Te réapproprier ton mal-être
Si vous souffrez du syndrome d’abandon, vous êtes certainement attentif au retour des autres. Pour faire simple, vous attendez leur validation. Cela vous rassure sur les sentiments d’affection qu’ils vous portent. De plus, cela vous permet d’avoir une certaine assurance concernant la reconnaissance de votre entourage plus large.
Et dans cet ordre d’idée basée sur de tels besoins, vous oubliez complètement que votre existence n’est pas déterminée par l’approbation d’autrui. Cela vous fait également oublier que vous possédez en vous les ressources pour vous construire une autonomie affective.
En effet, vous devez pouvoir élargir la vision que vous avez de vous-même en effectuant un constat des répercussions de vos actes : votre objectif est de réaliser que vous êtes le(la) seul(e) et unique acteur(actrice) de votre parcours de vie. Prenez la pleine responsabilité de vos ressentis, de vos émotions, de vos actions, de vos choix.
En outre, il vous faut comprendre que le syndrome d’abandon se manifeste chez vous par un trouble de la personnalité qui est en lien avec un attachement déficient pendant vos premières années de vie. Puisque rien n’est figé dans le temps, vous pouvez toujours corriger cette défaillance en vous réappropriant les données qui causent votre mal-être. Y parvenir nécessite de la résilience ainsi que du travail sur soi. Il s’agit là de 2 qualités à cultiver pour vous libérer progressivement de la dépendance émotionnelle qui vous habite.
Pratique l’auto-observation objective
En vue d’évoluer sur le chemin de l’autonomie affective en enclenchant votre sens de la responsabilité émotionnelle, il est important de prendre du recul sur vous-même et votre expérience de vie en toute objectivité. Attention, il n’est en aucun cas question de vous responsabiliser de tout !
À ce niveau, l’objectif est :
- de vous rendre compte de ce qui dépend de vous,
- d’identifier ce sur quoi vous pouvez exercer votre pouvoir d’action,
- de comprendre que certains événements de vie ne vous définissent pas. Vous n’êtes pas responsable de vos fragilités au cours des moments difficiles, car la lutte s’était menée avec les moyens psychiques dont vous disposiez
Même si ça vous paraît paradoxal, c’est en acceptant d’avoir été impuissant(e) face à certaines situations que vous pouvez entamer votre transformation. En procédant de la sorte, votre sentiment de culpabilité profond disparaît progressivement. Les situations difficiles que vous avez vécues jusqu’alors deviennent des opportunités de changement que vous pouvez utiliser pour évoluer. Ne craignez jamais l’abandon.
En pratiquant l’auto-observation, vous parviendrez à prendre conscience :
- de vos choix délibérés,
- des détours que vous avez pris malgré vous.
III - Libère-toi de tout sentiment colérique
Le sentiment caractéristique du syndrome d’abandon est la colère. C’est ce que vous ressentez à l’égard des personnes qui ne peuvent pas répondre à vos attentes affectives massives. Dans la logique d’une guérison complète, il est recommandé de vous libérer de cette colère.
C’est une astuce pratique qui vous évitera de la retourner contre les personnes qui vous sont très proches. Si vous avez des choses à extérioriser ou à exprimer, il vous revient de vous en saisir. Défais-toi de cette charge émotionnelle qui te hante depuis beaucoup trop longtemps.
Une solution efficace pour y parvenir consiste à effectuer un travail d’écriture à travers lequel vous vous adresserez directement aux individus concernés. Dans vos écrits, il vous revient :
- d’exprimer et d’extérioriser tout ce que tu aurais pu dire à une certaine époque,
- d’inclure les choses les plus importantes à leur dire présentement.
Ce travail peut s’avérer plus complexe qu’il n’y paraît.
Si vous ne vous sentez pas capable de traverser cette expérience seul(e), il faut alors vous tourner vers un(e) thérapeute. Celui-ci n’hésitera pas à « jouer » avec vous le jeu des rôles pour vous offrir un excellent support. Le thérapeute vous soutiendra et vous aidera à traverser sans douleur vos émotions qui peuvent resurgir.
IV - Reconnecte-toi à ton enfant intérieur
Le concept d’enfant intérieur est créé dans les années 1940 par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung. Vous reconnecter avec votre enfant intérieur est une technique thérapeutique qui permettra de vous libérer des blessures du passé. Si vous apprenez à écouter l’enfant en vous, vous refaçonnez ce que vous avez vécu, ressenti et été.
Même si vous n’en avez pas conscience, très souvent, vous laissez votre enfant intérieur guider vos réactions émotionnelles (colère, tristesse). Si votre partie adulte fait appel à la raison, votre partie enfant, elle, se laisse submerger par les tempêtes émotionnelles de votre enfant intérieur, trop immature pour les affronter avec plus de justesse.
Dans le cadre d’une telle thérapie, de nombreuses techniques s’avèrent pratiques. Vous faire accompagner pour accéder à ces techniques est le meilleur moyen pour travailler sur ces parties de vous qui souffrent en silence et qui sont difficiles d’accès le plus souvent.
Compte tenu de votre histoire, de votre expérience de vie et en tenant compte de votre vécu, le(la) Thérapeute pourra vous proposer
- l’hypnose : c’est une méthode qui a fait ses preuves et qui peut t’aider à te remémorer les événements douloureux. Il s’agit de traumatismes que tu es prêt à intégrer psychiquement,
- le reparentage: c’est un outil qui permet de guérir les blessures émotionnelles de l’enfance. C’est le thérapeute ou toi-même qui joue le rôle du parent, soit par imagerie, soit à l’aide d’une autre technique : les chaises vides. Toi ou le thérapeute vous adresserez à l’enfant, pour :
lui demander de quoi il a besoin dans cette situation,
l’autoriser à exprimer ses émotions,
lui permettre d’exprimer sa colère contre le parent,
lui dire tout ce que tu souhaites, sans censure.
V - DES OUVRAGES POUR TE SOUTENIR
Vous pouvez aussi avancer dans votre guérison à l’aide d’ouvrages, mais cela peut s’avérer plus compliqué. Toutefois, si vous n’osez pas encore sauter le pas de la thérapie,
je peux vous conseiller les ouvrages suivants :
- Dis-moi qui tu aimes, je te dirai qui tu es : mieux se connaître pour mieux choisir. Ce livre retrace les différentes formes d’attachement et permet d’établir des profils affectifs. Une base, pour mieux se comprendre.
- La blessure d’abandon : des explications, des cas pratiques.
- La guérison des 5 blessures : incontournable pour qui veut approfondir le concept des blessures émotionnelles.
- Aimer ce qui est : des exercices pour vous aider à vous libérer de vos croyances limitantes
- Prendre soin de l’enfant intérieur : des exercices de respiration, de pleine conscience.
5/ Quelles peuvent être les conséquences d’une blessure d’abandon non traitée ?
Lorsque la peur de l’abandon n’est pas traitée, il persiste chez l’individu concerné de mauvais comportements ainsi que des habitudes toxiques pour son entourage. La personne en souffrance est perpétuellement en quête de validation affective, de reconnaissance et de disponibilité inconditionnelle de la part des personnes qui lui sont très proches.
Si c’est votre cas, vous pourriez même vous enfoncer dans la séduction à outrance en vue de pallier vos difficulté à vous retrouver livré(e) à vous-même ou pour combler un vide affectif.
La conséquence inverse est également possible dans le cas où la personne sujette à la blessure d’abandon se réfugie dans l’isolement, la solitude, par crainte d’être rejetée. Les blessures affectives qu’ont vécues des dépendants affectifs peuvent les transformer en manipulateurs. Dans certains cas, vous pouvez même avoir du mal à faire confiance, présenter une jalousie excessive.
En conclusion, la blessure d’abandon est une blessure qui prend naissance dans l’enfance et qui perdure jusqu’à l’âge adulte si rien n’est fait pour la traiter. Elle se réactivera au cours de diverses occasions, engendrera de la dépendance affective, des comportements colériques, et influera négativement sur les relations avec autrui, en amour bien sûr, et aussi en amitié, dans les rapports aux autres membres de la famille, voire jusque dans la sphère professionnelle.
Des solutions existent pour s’en libérer et vivre avec plus de sérénité. L’accompagnement thérapeutique est le plus indiqué, toutefois, il est possible d’entreprendre certaines démarches tout seul si la blessure n’est pas trop profonde.
Si vous êtes concerné(e) par ce syndrome abandonnique, j’espère vous avoir convaincu(e) qu’il est possible de s’en débarrasser pour retrouver un équilibre affectif, entretenir des relations épanouies, être davantage heureux.
Par le Cabinet Caring In-Spire, Psychologue Annecy, Psychothérapeute et Psychanalyste
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